Coronavirus : finalement que faire ?

Coronavirus : que faire ?

Hello, cette fois-ci, je vous propose que nous passions en revue les mesures qui sont pertinentes ou pas à respecter en fonction des dernières études scientifiques.

Nous en viendrons enfin à ce que le gouvernement fait et ne fait pas dans ce contexte.

 

Chapitre 1 : Distanciation sociale

 

Selon le CDC (organisme américain scientifique de contrôle des maladies), la distanciation sociale (encore appelée distanciation physique) est simplement le principe de conserver une distance de sécurité entre deux personnes.

 

La distanciation sociale fait partie de l’ensemble des « gestes barrière » qui comprend :

-          Distanciation physique

-          Port du masque

-          Ne pas toucher son visage

-          Se laver régulièrement les mains : les objets contaminés ne sont pas la voie principale de contamination mais participent néanmoins à la dissémination du virus.

 

Est-ce que la distanciation marche ? Si oui, à quelle distance : 1, 1,5 ou 2 mètres ?

 

Il faut comprendre que le virus ne vole pas. Pour contaminer les gens, il doit être porté par des gouttelettes (nasale, salive, fécales).

Lorsqu’on parle normalement, les études montrent qu’en condition expérimentale (= sans courant d’air), toutes les gouttelettes tombent dans un rayon de 1M50 pour 90% des gens. Seul 10% des gens, projettent des gouttelettes plus loin (jusqu’à 2,9mètres maximum) (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18856764/)

 

Une distance sociale entre deux individus permet donc de réduire le risque de respirer ou de recevoir près de sa bouche des gouttelettes contaminées. Pour être infecté par un virus, il faut recevoir une « quantité » de virus suffisante que pour qu’il vous infecte. Cela est appelé l’inoculum. La « dose » minimale de contamination du coronavirus n’est pas connue. On sait par contre que plus on « reçoit du virus », plus on a de risque de développer la maladie.

Donc plus la distance sociale est grande, moins le risque de « choper » la maladie est grand.

Selon le niveau de risque estimé « raisonnable », les pays ont émis des règles variables. On remarque que la distance est de :

  • 1 mètre : France, Chine, Dk, Hong Kong, Lituanie, Singapour, OMS
  • 1M50 : Corée, australie, Belgique, Allemagne, Grèce, Italie, pays bas, Portugal
  • 2m / 6 feet : USA, canada, UK, espagne.

 

Evidemment, les enjeux autour du mètre en plus sont énormes si on pense aux salles de spectacle, à l’horeca, aux magasins, etc…

 De l’étude préliminaire vous aurez compris que la distance sociale garantie 100% sans risque pour une conversation est à 3 mètres.

Cela a été confirmé récemment : une étude récente montre que lors d’une conversation (sans masque), votre risque de contamination est de 13% à moins d’un mètre et de 2,6% à plus d’un mètre.

 Ces chiffres diminuent encore de moitié à 2 mètres et encore de moitié à 3 mètres (https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)31142-9/fulltext)

 Une autre façon d’exprimer le même concept a été émis par les experts britanniques qui rapportent que 6 secondes à 1 mètre est comme passer 1 minute à 2 mètres. (https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/892043/S0484_Transmission_of_SARS-CoV-2_and_Mitigating_Measures.pdf)

 En fonction du risque que vous voulez prendre donc, un mètre semble déjà correct, deux mètres optimal, trois mètre totalement sans risque.

 

Et si on fait autre chose que parler (crier, éternuer, chanter, tousser, respirer fort comme durant un effort) ?

 

Mauvaise nouvelle les copains : ces activités propulsent les gouttelettes bien plus loin que les 2,9 mètres dont nous venons de parler :

Le professeur Bourouiba du Massachusetts Institute of Technology (MIT) a utilisé des caméras à grande vitesse pour capturer une toux projetant des taches miniatures jusqu'à 6 m de distance. Par ailleurs, en cas de toux, la quantité de gouttelettes émises est largement supérieure. En fait, un seul épisode de toux correspond à 30 minutes de conversation, même à deux mètres.

 

Concernant l’éternuement, c’est pire : D’autres études rapportent une distance de 7-8 mètres.



Le Chant et les cris sont d’autres pratiques à risque d’émission de virus en quantité et à grande distance (super-emitter)

 Ainsi, malgré une bonne distance sociale (1 mètre entre chaque chanteur), un chanteur de chorale a contaminé 53 autres chanteurs (87% du groupe) sur une session de chant, simplement en chantant, sans aucun contact phyisque (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32407303/)

 

Une autre étude (https://www.pnas.org/content/117/22/11875 ) a demandé à des gens de parler fort (85 dB =  équivalent d’une classe bruyante ou d’une rue à fort trafic) dans une pièce fermée durant 30 secondes. Cette étude a démontré que cette conversation bruyante suffit à générer un nuage potentiellement contaminant (> 1000 gouttelettes remplies de virus) qui reste en suspension durant 8 minutes.

 Dans le même registre, dans un call center de 216 agents où les agents devaient parler fort, un seul malade a réussi en une journée à contaminer 94 personnes https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32324530/

 A l’inverse, avant le port obligatoire du masque, peu de gens ont été contaminés dans les avions probablement parce que personne ne parle.

 

Vous avez donc compris que la distance sociale de sécurité est totalement différente selon que les gens restent muets, parlent normalement, crient d’émotion (spectateurs d’un match de basket) ou encore chantent.

Scientifiquement, la distance à respecter entre des gens qui assistent à un opéra (où généralement les spectateurs se taisent) ou entre des gens qui vont à un concert de pop (où généralement les gens chantent en criant Patriiickk) sera donc très différente. Une règle unique sera donc simple à comprendre (avantage) mais pas scientifiquement correcte (désavantage) : on aura donc toujours des gens pour dire que c’est n’importe quoi. Faites vous donc votre propre idée à présent.

 

Et pour vous faire votre propre idée, on va compliquer un peu : et dehors ?

 

Distance sociale et activité en plein air / à l’intérieur.

 

J’ai commencé le chapitre précédent par dire que ces études de propulsion de gouttelettes avaient été réalisées sans courant d’air.

Le courant d’air « fort », une ventilation « forte » comme on la rencontre en plein air permet de diluer le nuage de gouttelettes et donc de rapidement diluer le virus à des quantités inférieures à un inoculum.

Ainsi, à même quantité de virus émis, une activité par exemple sportive à l’extérieur est presque 19 fois moins risquée qu’à l’intérieur https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.02.28.20029272v2?ijkey=b99f6dc64a6977bbdabce2625bcf025bcca75338&keytype2=tf_ipsecsha.

 En fait, pour être précis, il y a intérieur et intérieur : La ventilation influence également le risque : plus il y a un courant d’air frais (non ré-utilisé) important, plus le risque diminue.

 

On a désormais de nombreux exemples des conséquences néfastes d’une faible ventilation :

 

Un resto en chine : Un malade placé juste sous la ventilation dans un resto a réussi à contaminer une majorité des gens à moins de 5 mètres autour lui sans aucun contact avec les gens en moins d’une heure. On voit clairement dans l’image sortie de l’étude qu’il existe un lien entre les contaminations et le flux de l’air conditionné. https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.04.16.20067728v1.full.pdf

 


Ainsi, recycler l’air vicié et le renvoyer dans la pièce n’est pas une bonne idée et les travailleurs qui travaillent dans ces conditions se retrouvent généralement à haut risque de contamination. Vous avez entendu parler des mini-épidémies (cluster) qui se sont développés dans des zones réfrigérées comme les abattoirs durant l’été (https://francais.medscape.com/voirarticle/3606134). Vous comprenez à présent pourquoi.

 Pour information, en Wallonie, dans les bâtiments modernes, le minimum de débit autorisé est aux alentours de 70m³/H dans les bureaux de ce que j’ai lu sur le site de la région. Dans les toilettes, on tombe à un minimum de 25m³/H

Par contre, une fenêtre ouverte de 1m² avec un courant d’air de 3,5 km/H laisse passer 600 m³ /H.

 Dans le même ordre d’idée, plus vous resté longtemps dans un lieu mal ventilé, plus vous risquez d’attraper le virus.

 Vous venez brutalement de comprendre pourquoi le gouvernement recommande la poursuite du télétravail et pourquoi dans l’enseignement, le gouvernement va demander de laisser une fenêtre ouverte durant les cours, même en hiver.

 

« Mais c’est absurde : on ne va pas vivre avec les fenêtres ouvertes en plein hiver ».

 Je ne crois pas non plus. C’est d’ailleurs une des raisons qui fait penser à certains experts qu’il y aura plus de contamination en hiver.

 

Alors que faire ?

 

une publication récente a étudié la ventilation :

 si vous restez une heure dans un magasin où quelqu’un d’infecté est présent et se déplace partout, vous avez :

  • 5% de risque d’être infecté si la ventilation est inférieure à 128m³/H
  • 1% de risque d’être infecté si la ventilation est supérieure à 300 m³/H

 Avec le port du masque pour tous, on réduit ce risque de façon importante puisque la courbe du 5% de risque se situe à 20m³/H et celle du 1% à 70m³/H ce qui est tout à fait jouable avec les ventilations « normales » des bâtiments modernes comme les magasins par exemple. (Ref : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7398856/pdf/12273_2020_Article_703.pdf)

 

On en vient donc naturellement à un autre beau sujet de débat : le port obligatoire du masque.

 

Chapitre 2 : Bas les masques ?

 

Au début de l’épidémie, on pensait que les masques ne protégeaient pas du virus car ce virus était trop petit (<0,1µm) et donc passait à travers tout sauf les N95. Jusqu’en Avril, l’OMS disait que cela ne servait à rien. Puis on a commencé à se rendre compte que pour avoir une quantité de virus suffisante que pour être infecté (inoculum), il fallait qu’il soit « porté » par des gouttelettes. Ainsi, alors que l’OMS en Avril ne recommandait pas le port du masque, le CDC américain commençait à le recommander. Le CDC européen lui emboita le pas quelques semaines plus tard. L’OMS et de nombreux états suivirent début juin.

Pourquoi ? Simplement parce que les études de cas réels faits par les équipes de tracing ont permis de montrer que dans la vraie vie, hors de la théorie, le masque protège.

Les mauvaises langues diront que ce revirement a été aussi lié à la disponibilité des masques. Il n’existe pas de preuve de ce lien : ce n’est que supposition. Je resterai donc neutre à ce sujet.

 

Aujourd’hui par contre, aucune publication scientifique et aucun organe d’expertise ne déclare que le masque est inutile. Pourquoi ?

 

Traditionnellement, le masque peut servir à deux choses :

 

-                 Protéger les autres : dans le cas du coronavirus, l’expérience accumulée jusqu’ici permet de conclure que le port du masque protège des gouttelettes et donc réduit très fortement le risque pour les autres. Selon le type de masque, il réduit le risque des autres dans une fourchette qui va du très fortement (simple bandana) à totalement (masque N95 médical bien placé et non humide). C’est la raison pour laquelle on utilise les masques en salle d’opération depuis longtemps avant le coronavirus. Un masque chirurgical absorbe 98,5% des gouttelettes ce qui est identique à 3 couches de coton (découpé dans une chemise). Une seule couche de coton (bandana) absorbe déjà 93% des gouttelettes. Les masques bicouches spécifiques absorbent 98,1% des gouttelettes. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7417273/

 

-                 Se protéger soi : dans le cas du coronavirus, l’expérience permet de conclure que le port du masque protège des gouttelettes et réduit modérément à très fortement le risque pour soi-même. En effet, pour la protection dite individuelle, le type de masque influencera ici fortement les conséquences. Seul le N95 médical placé de manière étanche (impossible de respirer autour du masque) pour une durée maximale de 8 heures vous apporte une protection totale. Et encore, il faudra aussi penser à garder les mains « propres » et à éviter d’avoir des gouttelettes dans les yeux par le port de lunettes de protection. C’est donc moins évident de garantir la non-contamination. Vous avez compris que l’utilité du masque dans ces conditions est principalement pour protéger les autres. Les masques chirurgicaux qui portent l’appellation « ne protège pas du virus » veulent dire qu’ils ne filtrent pas totalement le virus à l’entrée mais qu’ils filtrent quasi totalement les gouttelettes. Ce sont donc d’excellents outils de protection des autres mais ne sont pas des outils garantis pour éviter de se faire contaminer soi même (par un non porteur de masque). Si vous avez compris ce chapitre, vous aurez alors compris que ces masques restent utiles contrairement à ce que certains mal-informés sur les réseaux sociaux tentent de propager.

 

Le port du masque est donc utile, partout où vous pouvez vous faire contaminer. Mais cela veut dire quoi cela ?

 

Le CDC américain dit qu’il doit être porté partout où la distance sociale ne peut être respectée.

Le message est simple là-bas.

Est-il 100% logique ?

Non. En ayant lu le chapitre précédent, vous avez compris que le masque :

  • -          Est 19 fois plus utile en intérieur qu’à l’extérieur
  • -          Est largement plus utile dans les locaux mal ventilés (toilettes) que dans les grands « halls » bien ventilés
  • -          Est utile si quelqu’un vous parle à moins de 3 mètres
  • -          Est utile si quelqu’un tousse/chante/crie (sans masque et sans courant d’air) à moins de 8 mètres

 

Par contre, bien sûr, si celui qui vous parle ou qui vous tousse dessus porte le masque, les distances que je vous décris ici sont massivement réduite : ainsi, en février, un chinois symptomatique durant le vol (toux, fièvre) a décidé de porter le masque durant tout le vol (6 heures). Dans un rayon de 2 mètres autour de lui, il y avait 25 personnes qui elle ne portaient pas de masque. Personne ne fut contaminé. Personne. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7162437/pdf/192e410.pdf

 

Autre exemple : deux coiffeurs américains ont continué à travailler durant une semaine en étant symptomatiques (toux très fréquente). Les coiffeurs portaient un masque chirugical et les clients aussi (47% portaient des masques maisons, 46% des chirurgicaux et 5% des N95). Résultat : aucun des 139 clients n’ont été infectés. Par contre, ces coiffeurs ne portaient évidemment pas le masque dans leur famille : ces 2 familles furent contaminées en grande partie.

 

Aujourd’hui, il existe plus de 30 études de terrain qui démontrent l’intérêt du masque. Aucune ne démontre l’inverse (voir pour méta analyse : https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)31142-9/fulltext)

 

Par ailleurs, on a également constaté que les pays où le port du masque était adopté spontanément par la population ont pu éviter un lockdown. De même, les populations qui ont imposé le port du masque à la sortie du lockdown s’en sortent mieux aujourd’hui. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7429109/



Si 80% des gens portent le masque dans des circonstances adaptées, on réduira les contaminations de 45% et si c’est 50%, on réduira de 17% https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32355904/

 

Le jeu vaut-il la chandelle ?

 

Faut il imposer le masque à tous pour réduire les contaminations de 45% ?

 

Au final, n’est-ce pas en fait que reporter de quelques semaines ces 45% ?

 

C’est la question que se sont posés les experts du gouvernement norvégien  au mois de juin (Norway’s Institute for Public Health). 

 

En considérant une obligation totale de port du masque et 80% des gens qui le portent avec 45% de réduction de contamination, par million d’habitant, on évite alors :

  • -          Si on est à 120 cas pour 100 000 habitants, on évite 1 200 cas sur une semaine.
  • -          Si on est à 60 cas pour 100 000, on évite 600 cas sur une semaine.
  • -          Si on est à 20 cas pour 100 000, on évite 200 cas sur une semaine.

 

En Norvège, en juin, on était sous la barre des 20 cas. Le port du masque n’a alors pas été généralisé (sauf dans les transports en commun, les événements de masse, etc comme en Belgique au même moment). Par contre, dans le rapport, ils recommandent d’imposer universellement ce port dans des endroits spécifiques (quartiers) à haute distribution de virus.

 

En Belgique, en prenant les mêmes chiffres issus des études, dans le grand Bruxelles (1,2 millions d’habitants), au moment (12 aout) où la décision de port du masque généralisé a été décidée (50 cas par 100 000), le port du masque durant une semaine a réduit les contaminations de 600 personnes, a évité l’admission aux soins intensifs de 10 personnes et a sauvé la vie de 2 personnes par semaine.

 

C’est de cela dont mon confrère Gala parle lorsqu’il demande qu’on apporte des mesures plus ciblées : imposer le masque à 1,2 millions d’habitants partout même à l’extérieur est interrogeable dans ces conditions : la logique imposait plutôt d’aller se concentrer dans les zones/communes/quartier à plus haute concentration de virus et à appliquer ces mesures fortes dans ces endroits avec une sensibilisation de la population à porter le masque aussi lorsqu’ils quittent leur quartier.  Certains quartiers étaient en effet à plus de 120 cas pour 100 000.

 

Il fallait alors bien sûr que la population des quartiers endémiques ait été bien informée et adhère parfaitement aux mesures.

Ce n’était pas le cas.

Le port généralisé du masque est donc selon moi à nouveau une mesure liée à l’échec d’une politique correcte de prévention : quand on a mal anticipé, on se retrouve avec 5 attaquants devant le goal. On ne construit alors plus son jeu, on se contente de dégager loin le ballon : c’est le football panique.

Devoir confiner une population était du football panique. Masquer tout Bruxelles aussi.

 

Les scientifiques qui critiquent la mesure ne disent pas que le masque ne sert à rien. Au contraire. Ils disent juste qu’il était possible de prendre des mesures plus proportionnées et plus concentrées lorsque le virus est si peu présent. La crainte de ces scientifiques est que la répétition de mesures disproportionnées finisse par convaincre la population d’arrêter de prendre la moindre précaution. Et si on en arrive à ne plus prendre aucune précaution au moment où l’épidémie redémarrera (ce qui sera le cas si plus personne ne prend de précaution), on se retrouvera dans la situation de mars.  

 

Infodémie

 

Cette crainte de perte d’adhésion est fondée :

 

Il y a actuellement une circulation massive d’informations sur le coronavirus. L’OMS parle d’infodémie.

Une majorité de ces informations sont inexacte car non prouvée par la recherche.

Or pour arriver à maintenir les gestes salvateurs, il faut :

-          Qu’une majorité de l’information soit exacte

-          Que 20% des gens au minimum ne relaient pas les informations non fondées

 

Pour arriver à ces buts, il faut que le gouvernement communique massivement sur tous les médias et que la population ait confiance dans les autorités et le gouvernement.

Ces poussées de football panique nuisent à la confiance dans les autorités. Elles contribuent alors à la propagation des informations inexactes.

Il en est de même sur la communication par le gouvernement des mesures sans les accompagner d’explications détaillées. Vous qui me lisez, avez-vous reçu du gouvernement les informations qui sont dans ce texte ? Pourtant je suis accompagné d’une poignée de confrères alors que le gouvernement a une armée d’universitaires à son service. Il y a un sérieux problème.

 

Pourtant, l’OMS dans ses conseils aux gouvernements dit clairement que les gouvernements doivent expliquer en détails les raisons scientifiques motivant les mesures prises, que les gouvernements doivent faire des communications ciblées aux leaders d’opinions des communautés et aux médecins de terrain, que ces communications doivent aussi inclure un plan de réponse complet avec une indication claire de la durée des mesures et des étapes potentielles suivantes.

Comme dirait le grand Schtroumph, nous en sommes loin, très loin.

 

Or échouer dans sa communication gouvernementale suffit à faire remonter le virus. L’exemple du Japon est criant (https://www.bmj.com/content/370/bmj.m3221)

 

Si on devait en arriver à la situation de mars, par abandon des gestes barrière, le masque sera probablement capital dans cette situation car nous n’avons pas encore de médicament miracle.

Le médecin en chef du CDC déclare désormais que « Le masque est actuellement l’arme la plus puissante contre le coronavirus ».

 

Les banquiers de Goldman Sachs, désireux de relancer au plus vite la machine économique, ont commandité une étude aux scientifiques. Cette étude rapporte que chaque fois qu’une population adhère avec 15% en plus aux masques, le risque de reconfiner des parties de l’économie se réduit. Le port du masque pourrait faire éviter de perdre au minimum 5% du PIB. Tant et si bien que ces économistes plaident désormais le port du masque comme mesure de sauvetage de l’économie alors qu’à priori, ils étaient loin d’être chaud à l’idée.

 

 Les autres effets du masque

 

Au-delà de la diminution du risque d’être contaminé, le masque a d’autres effets :

 

-        Être moins malade une fois qu’on a été contaminé : un récent article scientifique de revue (fin juillet : https://link.springer.com/article/10.1007/s11606-020-06067-8) vient de casser le mythe entretenu depuis février que le masque ne protège que les autres : en réduisant les gouttelettes, on réduit la quantité d’attaque du virus (inoculum). Cette diminution de l’attaque initiale réduit la sévérité de la maladie que vous développez (prouvé maintenant dans 16 études rapportées ici : https://link.springer.com/article/10.1007/s11606-020-06067-8). Ce concept de dose léthale d’attaque viral est connu depuis 1938 par les virologues. Par exemple, lorsqu’on compare une épidémie survenue sur un bateau où personne n’était masqué contre un autre bateau où tout le monde était masqué, on constate que le nombre de gens contaminé mais asymptomatiques permanents passe de 18 à 81%. On retrouve ces derniers temps de nombreuses publications où le taux d’asymptomatiques permanents dans une population masquée dépasse les 80%. Dans les populations non masquées, ces asymptomatiques tournent entre 14 et 40% selon les études. Certains non scientifiques utilisent l’argument de cette augmentation des asymptomatiques pour justifier l’arrêt du masque : ils obtiendront le résultat inverse de ce qu’ils pensent.

 

-        depuis les règles de port du masque, le nombre de fois que les gens portent la main à la bouche à été réduit de 400% : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32725247/

 

-        On peut facilement comprendre que l’aspect visuel du masque est une excellente « piqure de rappel » pour rappeler à chacun le respect des autres mesures barrières.

 

Chapitre 3 : Le reste des mesures barrières

 

Une bonne hygiène des mains est elle aussi à ne pas négliger. Pour rappel ici, le virus reste encore présent sur la peau après 20 secondes de lavage au savon. Pour s’en débarrasser, c’est 2 minutes au savon ou 20 secondes au gel hydroalcoolique.

 

Je l’ai dit en introduction, la contamination par la main n’est pas la voie majoritaire de contamination.

Elle est cependant une voie aussi.

Exemple :  Un patient asymptomatique (il commencera ses symptômes dans la soirée) vient jouer 30 minutes au squash. 30 minutes après la fin de leur match, un duo de joueur vient. Ils n’ont donc à aucun moment croisé de près ou de loin le malade. Ils seront contaminés. 90 minutes après le départ du malade, un second duo de joueurs vient et furent également contaminés. Tous partagèrent également le même local de vestiaires et tous ont pris une douche. Mais d’autres sportifs ont également partagé ce vestiaire (match de mini foot, badminton) et ne furent pas contaminés, de même que les 5 employés du club sportif présent ce soir-là. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7327185/

 

Vu le délai de 90 minutes, on peut s’attendre à ce que ce soit les parois du terrain de squash qui étaient fortement contaminées.

 

Chapitre 4 : Idée reçue : le virus est moins contaminant et moins mortel :

 

Fin juin, les laboratoires du monde entier avaient recensé 60 000 variants du coronavirus. Fin aout, nous sommes à 90 000 variantes.

Ce virus est plus stable que de nombreux virus ARN. Cependant, il subit des mutations au fil des infections. Plus le nombre d’infecté croit vite, plus le nombre de mutations augmente.

 

A terme, on peut espérer que ces mutations rendront le virus moins contaminant ou moins tueur. Les experts de Harvard s’attendent à une disparition naturelle des admissions en hôpital lié à ces mutations entre 2023 et 2026. Il faudra d’ici là que la variante mutante moins mortelle se mette à dominer les 90 000 autres et les fasse disparaître. Car une variante moins mortelle ne suffit pas : il faut encore qu’elle s’impose par rapport aux autres.

De nombreuses équipes à travers le monde surveillent ces mutations et leurs effets. Je n’ai aucun doute que lorsque des variantes de ce virus seront moins mortel, les informations seront rapidement communiquées. Tout ceci peut donc changer au fil des prochain mois.

 

Toutefois actuellement, le CDC Européen (instance scientifique indépendante rassemblant les meilleurs experts européens) a mis à jour ses informations : il n’existe aucune preuve scientifique que le virus soit intrinsèquement moins mortel à cause d’une mutation.

Par contre, une variante par mutation semble rendre le virus plus transmissible (substitution from aspartate to glycine at position 614 in the spike glycoprotein).

https://www.ecdc.europa.eu/en/covid-19/latest-evidence/coronaviruses

 

L’existence actuelle d’une variante dominante (voire unique) moins mortelle est donc pour le moment de l’ordre de la croyance, comme l’existence du Yeti ou de Saint Nicolas. Tout le monde a droit à croire en des choses mais je pense qu’il n’est pas raisonnable de gérer une pandémie sur base de croyances.

 

Aujourd’hui, le risque par strate d’age est toujours le même comme le rappelle le CDC dans ce tableau.

 


 

Dans une carte blanche récente (https://plus.lesoir.be/320906/article/2020-08-27/carte-blanche-il-est-necessaire-et-urgent-de-revoir-totalement-la-gestion-de-la), j’ai eu l’occasion de lire que ce virus est aussi mortel qu’une grippe. Qu’en est-il ?

 Sur base des chiffres les plus récents en Angleterre (qui donc inclut les asymptomatiques), la mortalité globale (= du nouveau né au centenaire) reste à 0,3%. : https://www.cebm.net/covid-19/estimating-the-infection-fatality-ratio-in-england/

A titre de comparaison, la mortalité de la grippe est à 0,02% sur uniquement ceux qui vont chez le médecin pour se déclarer (elle est donc probablement encore plus basse dans la réalité)  https://www.cdc.gov/nchs/fastats/flu.html

 Les experts parlent donc à juste titre d’une mortalité 10 fois supérieure à une grippe https://www.sciencesetavenir.fr/sante/le-coronavirus-serait-10-fois-plus-mortel-que-le-virus-de-la-grippe-h1n1_143476.

Par ailleurs, la partie de la population immunisée ou vaccinée contre la grippe est largement supérieure à la partie immunisée contre le coronavirus. Ceci a un rôle important dans le risque de saturation des hôpitaux et était « oublié » dans la carte blanche.

 

L’autre hypothèse entendue d’explication de réduction des hospitalisations par rapport à Mars est que le virus n’aurait plus personne à contaminer à cause d’une immunité croisée avec les coronavirus gentils de certains rhumes.

Au mieux cette immunité croisée concerne 30% d’une population globale dans les études qui l’ont découverte, en grande majorité des jeunes (en clair au mieux 85% des enfants et 20% des très âgés). Avec les 10 à 15% de gens déjà contaminé, on est encore loin de la fameuse immunité collective de 80% qui arrêterait le phénomène, particulièrement chez les aînés.

 

Mais alors pourquoi y a-t-il moins de mort qu’en Mars ? Trois phénomènes se conjuguent :

  • -          Il y a moins de gens infectés qui circulent dans nos rues qu’en Mars. Très largement moins.
  • -          Les gens à risque de mourir sont plus prudent que le reste de la population et les maisons de repos sont mieux protégées.
  • -          Le masque réduit la gravité de la maladie.

 

Chapitre 5 : La gestion multimodale de la crise.

 

Les études le montrent : la réussite passe par la combinaison de plusieurs actions en fonction de l’endroit où l’on se trouve.

 

Retourner à notre vie de 2019 aujourd’hui nous fera replonger à ce qui était là en mars en l’espace de deux mois maximum.

 

Il faut donc trouver un équilibre de vie entre ce que nous avons vécu en mars et notre vie de 2019.

C’est ce qu’on appelle une gestion de risque.

 

Un journal médical a fait par exemple le point du risque individuel en fonction de la situation :  https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2763852

 


On voit que c’est compliqué et que les messages du style « arrêtons le port du masque » ou « portons le masque partout » n’ont pas de sens dans une vraie gestion du risque.

 Le risque zéro n’existe pas en médecine et dans la vie, que ce soit sur le corona ou d’autres maladies. Souvent réduire le risque d’un évènement augmente le risque d’un autre : Réduire le risque de dénutrition en mangeant comme un dingue augmente le risque de mourir des conséquences de l’obésité. 

 Dans la crise du coronavirus aussi, réduire excessivement le risque d’attraper le coronavirus va induire des risques de mourir d’autre chose : suicide (anxiété sur le risque de mourir, dépression par isolement social, …), sédentarité (arret du sport), report de rendez vous chez le médecin par peur de s’y faire contaminer (on constate actuellement une baisse drastique des consultations pour des motifs pouvant être des départs de cancer), etc.

 Chaque citoyen doit évaluer son risque individuel en fonction de son état de santé : un jeune acceptera probablement d’aller jusqu’en zone orange voir d’aller parfois flirter dans le rouge. Une personne à haut risque qui tient à la vie visera à rester dans le vert. Et les gens qui ne veulent pas se compliquer la vie et qui veulent se simplifier les règles feront des choix tranchés au milieu des oranges.

 Le gouvernement a lui aussi le devoir de trouver un juste équilibre entre protection du coronavirus et protection des effets secondaires liés à la protection contre le coronavirus.

Il faut donc prendre des mesures équilibrées de protection contre le coronavirus qui :

  • -          Atteignent a minima l’objectif d’aplatir la courbe pour ne pas saturer les soins intensifs (cela reste actuellement toujours très largement possible)
  • -          Permettent aux gens de ne pas déprimer : les contacts sociaux, la culture, le sport sont donc à repenser afin de les ré-ouvrir progressivement
  • -          Permettent aux gens d’aller se faire soigner en confiance
  • -          Permettent à l’économie de repartir car l’argent est un outil utile pour financer les objectifs sus décrits.
  • -          Soient soutenable durant probablement encore minimum 8 mois.
  • -          Permettent de proposer des solutions aux gens qui ne veulent pas aller dans le risque orange sans trop nuire à ceux qui sont prêt à y aller.

 Et là, je rejoins les auteurs de la carte blanche : cela ne se construit pas avec quelques experts, exclusivement choisis par la ministre (sans qu’elle n’ait expliqué sa méthode de choix qui n’existe d’ailleurs pas : c’est du co-optage pur et dur sur base de rumeur de « qui serait utile » remis à son chef de cabinet).

Il faut un pluralisme d’opinions, d’expertises, de métiers et même de vécus.

Il faut également une transparence totale non pas seulement des décisions mais également des motivations ayant mené aux décisions et des preuves scientifiques liées à ces motivations.

De même, il faut une transparence des doutes exprimés dans ce groupe et ne pas laisser transparaitre comme aujourd’hui que tout serait limpide et unanime : il y a des certitudes avec ce COVID-19 mais aussi beaucoup de choses inconnues générant de l’incertitude.

 

  • Enfin, il faut une vision à long terme (12 mois) :
  • Où veut-on aller (destination) : à juste aplatir la courbe pour ne pas engorger les hôpitaux ou à protéger le plus de personne possible jusqu’au vaccin ?
  •  
  • Comment veut-on y aller (route à prendre) ?
    • Quelles sont les mesures applicables à tous et permanente, tant que le virus sera là ?
    • Quelles sont les mesures applicables uniquement chez les personnes à risque ?
    • Quels sont les mesures applicables dans les communes à faible densité de population (rurales) par rapport aux centres urbains ?
    • Quels sont les moteurs (drivers) locaux de mini-épidémies (clusters) ?
    • Quelles sont les mesures d’escalade dans les communes/quartier en pleine ascension en fonction des moteurs locaux spécifiques ?
    • Quelles sont les valeurs uniformes sur le pays (pas à la discrétion du bourgmestre) qui lancent l’activation de mesures d’escalade ?
    • Quels sont les paramètres qui amènent à un risque accru d’activation d’une mesure d’escalade.
    • Etc …

 

Une fois que la population comprendra la destination finale et le chemin pour y arriver (avec les détours possibles en cas d’embouteillage), la réponse sur le terrain aux mesures sera largement plus simple puisque tout le monde aura une idée de ce à quoi il faut s’attendre.

 Et on pourra aussi débattre sur la destination et la route de manière plus sereine et moins émotionnelle, hors des procès d’intentions que je lis tous les jours et qui ne mènent à aucun changement décisionnel.

 

Cela vous parait utopique ?

 Cela ne l’est pas.

Les guidelines pour les gouvernements émis par le CDC Européens https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/rapid-risk-assessment-coronavirus-disease-2019-covid-19-eueea-and-uk-eleventh et par l’OMS https://apps.who.int/iris/rest/bitstreams/1275007/retrieve  ne font que répéter depuis des semaines que c’est la recette à mettre en place.

Des pays qui actuellement réussissent leur gestion de crise ont mis en place des recommandations par situation géographique (densité de population) et par strate de risque (personnes âgées Versus jeunes) en fonction de l’intensité de présence locale du virus.

Chaque citoyen sait donc ce qui va se passer dans sa commune en fonction de l’évolution des cas.

 

Pour illustrer ceci, voici les recommandations du gouvernement norvégien :

-          Quartier/commune à Faible dissémination virale :

o    Personne à risque normal : distanciation sociale et isolement des malades pour les gens à risque normal

o    Personne à risque élevé : Limitation des contacts étroits, éviter les endroits fréquentés, éviter les transports en commun et modifier son organisation de travail pour les personnes à risque

-          Quartier/commune à Haute dissémination virale :

o    Pour les gens à risque normal : limiter les contacts étroits, éviter les endroits fréquentés, éviter les transports en commun, privilégier le télétravail

o    Pour les gens à risque élevé : éviter au maximum tout contact (étroit ou pas), si vous devez avoir des contacts, tenez-vous à minimum 2 mètres ; demandez à vos proches de faire vos courses ; si vos proches ont de nombreux contacts sociaux, arrêtez de voir vos proches ; si le télétravail n’est pas possible, n’allez pas travailler.

 

Vous voyez qu’on peut faire des strates et ne pas toujours faire subir à tous des mesures utiles aux gens à risque.

 Ah oui, et bien sur, ils précisent ce qu’est un contact étroit pour eux et pour l’oms.

Il s’agit :

  • -          D’un contact (conversation) à moins d’un mètre, sans masque, durant plus de 15 minutes
  • -          D’un contact physique direct (se toucher) unique

 

Chapitre 6 : conclusion

 

Il est prématuré de revenir à une vie comme en 2019. Aujourd’hui, plus que jamais, le maintien des gestes barrières reste indispensable.

Parmi ceux-ci le port raisonné du masque (en fonction du risque) est un pilier clé. C’est à vous et au gouvernement à placer le niveau de risque au bon endroit. Je vous ai donné des clés pour ce faire.

Une dernière étude monte que si tout le monde portait le masque lorsqu’il est présence d’autres personnes, que personne ne partageait son verre ou sa cigarette avec quelqu’un qui n’est pas de sa bulle, que tout le monde (hormis les membres du foyer familial) restait à plus d’un mètre l’un de l’autre, on réduirait les infections de 84%  https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.06.11.20128900v2.full.pdf

 et les hospitalisation d’encore plus.

Cela suffirait donc amplement à permettre à tout le reste de notre vie et de notre économie à reprendre totalement.

Par contre, en ne le faisant pas, on se condamne à des marches arrière en termes de fermetures de pans d’activités de notre vie.

Il n’y a donc pas des moutons d’un coté et des hommes libres de l’autre côté : les psychologues sociaux vous diront que nous sommes tous des moutons : nous n’avons juste pas tous les mêmes bergers…

 

A vous de faire le bon choix.

 

 


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