Coronavirus : finalement que faire ?
Coronavirus : que faire ?
Hello, cette fois-ci, je vous propose
que nous passions en revue les mesures qui sont pertinentes ou pas à respecter
en fonction des dernières études scientifiques.
Nous en viendrons enfin à ce que
le gouvernement fait et ne fait pas dans ce contexte.
Chapitre 1 : Distanciation sociale
Selon le CDC (organisme américain
scientifique de contrôle des maladies), la distanciation sociale (encore
appelée distanciation physique) est simplement le principe de conserver une
distance de sécurité entre deux personnes.
La distanciation sociale fait
partie de l’ensemble des « gestes barrière » qui comprend :
-
Distanciation physique
-
Port du masque
-
Ne pas toucher son visage
-
Se laver régulièrement les mains : les
objets contaminés ne sont pas la voie principale de contamination mais
participent néanmoins à la dissémination du virus.
Est-ce que la distanciation marche ? Si
oui, à quelle distance : 1, 1,5 ou 2 mètres ?
Il faut comprendre que le virus
ne vole pas. Pour contaminer les gens, il doit être porté par des gouttelettes (nasale,
salive, fécales).
Lorsqu’on parle normalement, les
études montrent qu’en condition expérimentale (= sans courant d’air), toutes
les gouttelettes tombent dans un rayon de 1M50 pour 90% des gens. Seul 10% des
gens, projettent des gouttelettes plus loin (jusqu’à 2,9mètres maximum) (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18856764/)
Une distance sociale entre deux
individus permet donc de réduire le risque de respirer ou de recevoir près de sa
bouche des gouttelettes contaminées. Pour être infecté par un virus, il faut
recevoir une « quantité » de virus suffisante que pour qu’il vous
infecte. Cela est appelé l’inoculum. La « dose » minimale de
contamination du coronavirus n’est pas connue. On sait par contre que plus on « reçoit
du virus », plus on a de risque de développer la maladie.
Donc plus la distance sociale est
grande, moins le risque de « choper » la maladie est grand.
Selon le niveau de risque estimé « raisonnable »,
les pays ont émis des règles variables. On remarque que la distance est de :
- 1 mètre : France, Chine, Dk, Hong Kong, Lituanie, Singapour, OMS
- 1M50 : Corée, australie, Belgique, Allemagne, Grèce, Italie, pays bas, Portugal
- 2m / 6 feet : USA, canada, UK, espagne.
Evidemment, les enjeux autour du
mètre en plus sont énormes si on pense aux salles de spectacle, à l’horeca, aux
magasins, etc…
Cela a été confirmé récemment :
une étude récente montre que lors d’une conversation (sans masque), votre
risque de contamination est de 13% à moins d’un mètre et de 2,6% à plus d’un
mètre.
Et si on fait autre chose que parler (crier,
éternuer, chanter, tousser, respirer fort comme durant un effort) ?
Mauvaise nouvelle les copains :
ces activités propulsent les gouttelettes bien plus loin que les 2,9 mètres
dont nous venons de parler :
Le
professeur Bourouiba du Massachusetts Institute of Technology (MIT) a utilisé
des caméras à grande vitesse pour capturer une toux projetant des taches
miniatures jusqu'à 6 m de distance. Par ailleurs, en cas de toux, la quantité de
gouttelettes émises est largement supérieure. En fait, un seul
épisode de toux correspond à 30 minutes de conversation, même à deux mètres.
Concernant
l’éternuement, c’est pire : D’autres études rapportent une distance de 7-8
mètres.
Le Chant et les cris sont d’autres pratiques à risque d’émission de virus en quantité et à grande distance (super-emitter)
Une autre étude (https://www.pnas.org/content/117/22/11875
) a demandé à des gens de parler fort (85 dB =
équivalent d’une classe bruyante ou d’une rue à fort trafic) dans une
pièce fermée durant 30 secondes. Cette étude a démontré que cette conversation
bruyante suffit à générer un nuage potentiellement contaminant (> 1000 gouttelettes
remplies de virus) qui reste en suspension durant 8 minutes.
Vous avez donc compris que la
distance sociale de sécurité est totalement différente selon que les gens
restent muets, parlent normalement, crient d’émotion (spectateurs d’un match de
basket) ou encore chantent.
Scientifiquement, la distance à
respecter entre des gens qui assistent à un opéra (où généralement les
spectateurs se taisent) ou entre des gens qui vont à un concert de pop (où
généralement les gens chantent en criant Patriiickk) sera donc très différente.
Une règle unique sera donc simple à comprendre (avantage) mais pas
scientifiquement correcte (désavantage) : on aura donc toujours des gens
pour dire que c’est n’importe quoi. Faites vous donc votre propre idée à
présent.
Et pour vous faire votre propre
idée, on va compliquer un peu : et dehors ?
Distance sociale et activité en plein air /
à l’intérieur.
J’ai commencé le chapitre
précédent par dire que ces études de propulsion de gouttelettes avaient été
réalisées sans courant d’air.
Le courant d’air « fort »,
une ventilation « forte » comme on la rencontre en plein air permet
de diluer le nuage de gouttelettes et donc de rapidement diluer le virus à des
quantités inférieures à un inoculum.
Ainsi, à même quantité de virus
émis, une activité par exemple sportive à l’extérieur est presque 19 fois moins
risquée qu’à l’intérieur https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.02.28.20029272v2?ijkey=b99f6dc64a6977bbdabce2625bcf025bcca75338&keytype2=tf_ipsecsha.
On a désormais de nombreux exemples
des conséquences néfastes d’une faible ventilation :
Un resto en chine : Un
malade placé juste sous la ventilation dans un resto a réussi à contaminer une
majorité des gens à moins de 5 mètres autour lui sans aucun contact avec les
gens en moins d’une heure. On voit clairement dans l’image sortie de l’étude qu’il
existe un lien entre les contaminations et le flux de l’air conditionné. https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.04.16.20067728v1.full.pdf
Ainsi, recycler l’air vicié et le
renvoyer dans la pièce n’est pas une bonne idée et les travailleurs qui
travaillent dans ces conditions se retrouvent généralement à haut risque de
contamination. Vous avez entendu parler des mini-épidémies (cluster) qui se
sont développés dans des zones réfrigérées comme les abattoirs durant l’été (https://francais.medscape.com/voirarticle/3606134).
Vous comprenez à présent pourquoi.
Par contre, une fenêtre ouverte
de 1m² avec un courant d’air de 3,5 km/H laisse passer 600 m³ /H.
« Mais c’est absurde :
on ne va pas vivre avec les fenêtres ouvertes en plein hiver ».
Alors que faire ?
une publication récente a étudié la ventilation :
- 5% de risque d’être infecté si la ventilation est inférieure à 128m³/H
- 1% de risque d’être infecté si la ventilation est supérieure à 300 m³/H
On en vient donc naturellement à
un autre beau sujet de débat : le port obligatoire du masque.
Chapitre 2 : Bas les masques ?
Au début de l’épidémie, on
pensait que les masques ne protégeaient pas du virus car ce virus était trop
petit (<0,1µm) et donc passait à travers tout sauf les N95. Jusqu’en Avril,
l’OMS disait que cela ne servait à rien. Puis on a commencé à se rendre compte
que pour avoir une quantité de virus suffisante que pour être infecté
(inoculum), il fallait qu’il soit « porté » par des gouttelettes.
Ainsi, alors que l’OMS en Avril ne recommandait pas le port du masque, le CDC
américain commençait à le recommander. Le CDC européen lui emboita le pas
quelques semaines plus tard. L’OMS et de nombreux états suivirent début juin.
Pourquoi ? Simplement parce
que les études de cas réels faits par les équipes de tracing ont permis de
montrer que dans la vraie vie, hors de la théorie, le masque protège.
Les mauvaises langues diront que
ce revirement a été aussi lié à la disponibilité des masques. Il n’existe pas
de preuve de ce lien : ce n’est que supposition. Je resterai donc neutre à
ce sujet.
Aujourd’hui par contre, aucune
publication scientifique et aucun organe d’expertise ne déclare que le masque
est inutile. Pourquoi ?
Traditionnellement, le masque
peut servir à deux choses :
-
Protéger les autres : dans le cas du
coronavirus, l’expérience accumulée jusqu’ici permet de conclure que le port du
masque protège des gouttelettes et donc réduit très fortement le risque pour
les autres. Selon le type de masque, il réduit le risque des autres dans une
fourchette qui va du très fortement (simple bandana) à totalement (masque N95
médical bien placé et non humide). C’est la raison pour laquelle on utilise les
masques en salle d’opération depuis longtemps avant le coronavirus. Un masque
chirurgical absorbe 98,5% des gouttelettes ce qui est identique à 3 couches de
coton (découpé dans une chemise). Une seule couche de coton (bandana) absorbe déjà
93% des gouttelettes. Les masques bicouches spécifiques absorbent 98,1% des
gouttelettes. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7417273/
-
Se protéger soi : dans le cas du coronavirus,
l’expérience permet de conclure que le port du masque protège des gouttelettes
et réduit modérément à très fortement le risque pour soi-même. En effet, pour
la protection dite individuelle, le type de masque influencera ici fortement
les conséquences. Seul le N95 médical placé de manière étanche (impossible de
respirer autour du masque) pour une durée maximale de 8 heures vous apporte une
protection totale. Et encore, il faudra aussi penser à garder les mains
« propres » et à éviter d’avoir des gouttelettes dans les yeux par le
port de lunettes de protection. C’est donc moins évident de garantir la non-contamination.
Vous avez compris que l’utilité du masque dans ces conditions est principalement
pour protéger les autres. Les masques chirurgicaux qui portent l’appellation
« ne protège pas du virus » veulent dire qu’ils ne filtrent pas
totalement le virus à l’entrée mais qu’ils filtrent quasi totalement les
gouttelettes. Ce sont donc d’excellents outils de protection des autres mais ne
sont pas des outils garantis pour éviter de se faire contaminer soi même (par
un non porteur de masque). Si vous avez compris ce chapitre, vous aurez alors
compris que ces masques restent utiles contrairement à ce que certains
mal-informés sur les réseaux sociaux tentent de propager.
Le port du masque est donc utile, partout où
vous pouvez vous faire contaminer. Mais cela veut dire quoi cela ?
Le CDC américain dit qu’il doit
être porté partout où la distance sociale ne peut être respectée.
Le message est simple là-bas.
Est-il 100% logique ?
Non. En ayant lu le chapitre
précédent, vous avez compris que le masque :
- - Est 19 fois plus utile en intérieur qu’à l’extérieur
- - Est largement plus utile dans les locaux mal ventilés (toilettes) que dans les grands « halls » bien ventilés
- - Est utile si quelqu’un vous parle à moins de 3 mètres
- - Est utile si quelqu’un tousse/chante/crie (sans masque et sans courant d’air) à moins de 8 mètres
Par contre, bien sûr, si celui
qui vous parle ou qui vous tousse dessus porte le masque, les distances que je
vous décris ici sont massivement réduite : ainsi, en février, un chinois symptomatique
durant le vol (toux, fièvre) a décidé de porter le masque durant tout le vol (6
heures). Dans un rayon de 2 mètres autour de lui, il y avait 25 personnes qui
elle ne portaient pas de masque. Personne ne fut contaminé. Personne. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7162437/pdf/192e410.pdf
Autre exemple : deux coiffeurs
américains ont continué à travailler durant une semaine en étant symptomatiques
(toux très fréquente). Les coiffeurs portaient un masque chirugical et les
clients aussi (47% portaient des masques maisons, 46% des chirurgicaux et 5%
des N95). Résultat : aucun des 139 clients n’ont été infectés. Par contre,
ces coiffeurs ne portaient évidemment pas le masque dans leur famille :
ces 2 familles furent contaminées en grande partie.
Aujourd’hui, il existe plus de 30
études de terrain qui démontrent l’intérêt du masque. Aucune ne démontre l’inverse
(voir pour méta analyse : https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)31142-9/fulltext)
Par ailleurs, on a également
constaté que les pays où le port du masque était adopté spontanément par la
population ont pu éviter un lockdown. De même, les populations qui ont imposé
le port du masque à la sortie du lockdown s’en sortent mieux aujourd’hui. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7429109/
Si 80% des gens portent le masque
dans des circonstances adaptées, on réduira les contaminations de 45% et si
c’est 50%, on réduira de 17% https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32355904/
Le jeu vaut-il la chandelle ?
Faut il imposer le masque à tous pour réduire
les contaminations de 45% ?
Au final, n’est-ce pas en fait
que reporter de quelques semaines ces 45% ?
C’est la question que se sont posés
les experts du gouvernement norvégien au
mois de juin (Norway’s Institute for Public Health).
En
considérant une obligation totale de port du masque et 80% des gens qui le
portent avec 45% de réduction de contamination, par million d’habitant, on
évite alors :
- -
Si on est à 120
cas pour 100 000 habitants, on évite 1 200 cas sur une semaine.
- -
Si on est à 60
cas pour 100 000, on évite 600 cas sur une semaine.
- -
Si on est à
20 cas pour 100 000, on évite 200 cas sur une semaine.
En Norvège,
en juin, on était sous la barre des 20 cas. Le port du masque n’a alors pas été
généralisé (sauf dans les transports en commun, les événements de masse, etc
comme en Belgique au même moment). Par contre, dans le rapport, ils recommandent
d’imposer universellement ce port dans des endroits spécifiques (quartiers) à haute
distribution de virus.
En Belgique,
en prenant les mêmes chiffres issus des études, dans le grand Bruxelles (1,2
millions d’habitants), au moment (12 aout) où la décision de port du masque
généralisé a été décidée (50 cas par 100 000), le port du masque durant
une semaine a réduit les contaminations de 600 personnes, a évité l’admission
aux soins intensifs de 10 personnes et a sauvé la vie de 2 personnes par
semaine.
C’est de
cela dont mon confrère Gala parle lorsqu’il demande qu’on apporte des mesures
plus ciblées : imposer le masque à 1,2 millions d’habitants partout même à
l’extérieur est interrogeable dans ces conditions : la logique imposait plutôt
d’aller se concentrer dans les zones/communes/quartier à plus haute
concentration de virus et à appliquer ces mesures fortes dans ces endroits avec
une sensibilisation de la population à porter le masque aussi lorsqu’ils
quittent leur quartier. Certains quartiers
étaient en effet à plus de 120 cas pour 100 000.
Il fallait
alors bien sûr que la population des quartiers endémiques ait été bien informée
et adhère parfaitement aux mesures.
Ce n’était
pas le cas.
Le port
généralisé du masque est donc selon moi à nouveau une mesure liée à l’échec d’une
politique correcte de prévention : quand on a mal anticipé, on se retrouve
avec 5 attaquants devant le goal. On ne construit alors plus son jeu, on se
contente de dégager loin le ballon : c’est le football panique.
Devoir
confiner une population était du football panique. Masquer tout Bruxelles
aussi.
Les scientifiques
qui critiquent la mesure ne disent pas que le masque ne sert à rien. Au
contraire. Ils disent juste qu’il était possible de prendre des mesures plus proportionnées
et plus concentrées lorsque le virus est si peu présent. La crainte de ces
scientifiques est que la répétition de mesures disproportionnées finisse par
convaincre la population d’arrêter de prendre la moindre précaution. Et si on
en arrive à ne plus prendre aucune précaution au moment où l’épidémie
redémarrera (ce qui sera le cas si plus personne ne prend de précaution), on se
retrouvera dans la situation de mars.
Infodémie
Cette
crainte de perte d’adhésion est fondée :
Il y a
actuellement une circulation massive d’informations sur le coronavirus. L’OMS
parle d’infodémie.
Une majorité
de ces informations sont inexacte car non prouvée par la recherche.
Or pour
arriver à maintenir les gestes salvateurs, il faut :
-
Qu’une
majorité de l’information soit exacte
-
Que 20% des gens
au minimum ne relaient pas les informations non fondées
Pour arriver
à ces buts, il faut que le gouvernement communique massivement sur tous les médias
et que la population ait confiance dans les autorités et le gouvernement.
Ces poussées
de football panique nuisent à la confiance dans les autorités. Elles
contribuent alors à la propagation des informations inexactes.
Il en est de
même sur la communication par le gouvernement des mesures sans les accompagner
d’explications détaillées. Vous qui me lisez, avez-vous reçu du gouvernement
les informations qui sont dans ce texte ? Pourtant je suis accompagné d’une
poignée de confrères alors que le gouvernement a une armée d’universitaires à
son service. Il y a un sérieux problème.
Pourtant, l’OMS
dans ses conseils aux gouvernements dit clairement que les gouvernements
doivent expliquer en détails les raisons scientifiques motivant les mesures
prises, que les gouvernements doivent faire des communications ciblées aux
leaders d’opinions des communautés et aux médecins de terrain, que ces
communications doivent aussi inclure un plan de réponse complet avec une indication
claire de la durée des mesures et des étapes potentielles suivantes.
Comme dirait
le grand Schtroumph, nous en sommes loin, très loin.
Or échouer
dans sa communication gouvernementale suffit à faire remonter le virus. L’exemple
du Japon est criant (https://www.bmj.com/content/370/bmj.m3221)
Si on devait
en arriver à la situation de mars, par abandon des gestes barrière, le masque
sera probablement capital dans cette situation car nous n’avons pas encore de
médicament miracle.
Le médecin
en chef du CDC déclare désormais que « Le masque est actuellement
l’arme la plus puissante contre le coronavirus ».
Les banquiers
de Goldman Sachs, désireux de relancer au plus vite la machine
économique, ont commandité une étude aux scientifiques. Cette étude rapporte
que chaque fois qu’une population adhère avec 15% en plus aux masques, le
risque de reconfiner des parties de l’économie se réduit. Le port du masque
pourrait faire éviter de perdre au minimum 5% du PIB. Tant et si bien que ces
économistes plaident désormais le port du masque comme mesure de sauvetage de
l’économie alors qu’à priori, ils étaient loin d’être chaud à l’idée.
Les
autres effets du masque
Au-delà de la diminution du
risque d’être contaminé, le masque a d’autres effets :
-
Être moins malade une fois qu’on a été contaminé :
un récent article scientifique de revue (fin juillet : https://link.springer.com/article/10.1007/s11606-020-06067-8)
vient de casser le mythe entretenu depuis février que le masque ne protège que les
autres : en réduisant les gouttelettes, on réduit la quantité d’attaque du
virus (inoculum). Cette diminution de l’attaque initiale réduit la sévérité de
la maladie que vous développez (prouvé maintenant dans 16 études rapportées ici :
https://link.springer.com/article/10.1007/s11606-020-06067-8).
Ce concept de dose léthale d’attaque viral est connu depuis 1938 par les virologues.
Par exemple, lorsqu’on compare une épidémie survenue sur un bateau où personne
n’était masqué contre un autre bateau où tout le monde était masqué, on
constate que le nombre de gens contaminé mais asymptomatiques permanents passe
de 18 à 81%. On retrouve ces derniers temps de nombreuses publications où le
taux d’asymptomatiques permanents dans une population masquée dépasse les 80%. Dans
les populations non masquées, ces asymptomatiques tournent entre 14 et 40%
selon les études. Certains non scientifiques utilisent l’argument de cette
augmentation des asymptomatiques pour justifier l’arrêt du masque : ils
obtiendront le résultat inverse de ce qu’ils pensent.
-
depuis les règles de port du masque, le
nombre de fois que les gens portent la main à la bouche à été réduit de
400% : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32725247/
-
On peut facilement comprendre que l’aspect
visuel du masque est une excellente « piqure de rappel » pour
rappeler à chacun le respect des autres mesures barrières.
Chapitre 3 : Le reste des mesures barrières
Une bonne hygiène des mains est
elle aussi à ne pas négliger. Pour rappel ici, le virus reste encore présent
sur la peau après 20 secondes de lavage au savon. Pour s’en débarrasser, c’est
2 minutes au savon ou 20 secondes au gel hydroalcoolique.
Je l’ai dit en introduction, la
contamination par la main n’est pas la voie majoritaire de contamination.
Elle est cependant une voie aussi.
Exemple : Un patient asymptomatique (il commencera ses symptômes
dans la soirée) vient jouer 30 minutes au squash. 30 minutes après la fin de
leur match, un duo de joueur vient. Ils n’ont donc à aucun moment croisé de
près ou de loin le malade. Ils seront contaminés. 90 minutes après le départ du
malade, un second duo de joueurs vient et furent également contaminés. Tous
partagèrent également le même local de vestiaires et tous ont pris une douche.
Mais d’autres sportifs ont également partagé ce vestiaire (match de mini foot,
badminton) et ne furent pas contaminés, de même que les 5 employés du club
sportif présent ce soir-là. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7327185/
Vu le délai de 90 minutes, on
peut s’attendre à ce que ce soit les parois du terrain de squash qui étaient
fortement contaminées.
Chapitre 4 : Idée reçue : le virus
est moins contaminant et moins mortel :
Fin juin, les laboratoires du
monde entier avaient recensé 60 000 variants du coronavirus. Fin aout,
nous sommes à 90 000 variantes.
Ce virus est plus stable que de
nombreux virus ARN. Cependant, il subit des mutations au fil des infections.
Plus le nombre d’infecté croit vite, plus le nombre de mutations augmente.
A terme, on peut espérer que ces mutations
rendront le virus moins contaminant ou moins tueur. Les experts de Harvard s’attendent
à une disparition naturelle des admissions en hôpital lié à ces mutations entre
2023 et 2026. Il faudra d’ici là que la variante mutante moins mortelle se mette
à dominer les 90 000 autres et les fasse disparaître. Car une variante moins
mortelle ne suffit pas : il faut encore qu’elle s’impose par rapport aux
autres.
De nombreuses équipes à travers
le monde surveillent ces mutations et leurs effets. Je n’ai aucun doute que
lorsque des variantes de ce virus seront moins mortel, les informations seront
rapidement communiquées. Tout ceci peut donc changer au fil des prochain mois.
Toutefois actuellement, le CDC Européen (instance scientifique indépendante rassemblant les meilleurs experts européens) a mis à jour ses informations : il n’existe aucune preuve scientifique que le virus soit intrinsèquement moins mortel à cause d’une mutation.
Par contre, une variante par mutation
semble rendre le virus plus transmissible (substitution from aspartate to glycine at
position 614 in the spike glycoprotein).
https://www.ecdc.europa.eu/en/covid-19/latest-evidence/coronaviruses
L’existence actuelle d’une variante
dominante (voire unique) moins mortelle est donc pour le moment de l’ordre de
la croyance, comme l’existence du Yeti ou de Saint Nicolas. Tout le monde a
droit à croire en des choses mais je pense qu’il n’est pas raisonnable de gérer
une pandémie sur base de croyances.
Aujourd’hui, le risque par strate
d’age est toujours le même comme le rappelle le CDC dans ce tableau.
Dans une carte blanche récente (https://plus.lesoir.be/320906/article/2020-08-27/carte-blanche-il-est-necessaire-et-urgent-de-revoir-totalement-la-gestion-de-la),
j’ai eu l’occasion de lire que ce virus est aussi mortel qu’une grippe. Qu’en
est-il ?
A titre
de comparaison, la mortalité de la grippe est à 0,02% sur uniquement ceux qui
vont chez le médecin pour se déclarer (elle est donc probablement encore plus
basse dans la réalité) https://www.cdc.gov/nchs/fastats/flu.html
Par ailleurs, la partie de la population
immunisée ou vaccinée contre la grippe est largement supérieure à la partie
immunisée contre le coronavirus. Ceci a un rôle important dans le risque de saturation
des hôpitaux et était « oublié » dans la carte blanche.
L’autre hypothèse entendue d’explication
de réduction des hospitalisations par rapport à Mars est que le virus n’aurait
plus personne à contaminer à cause d’une immunité croisée avec les coronavirus
gentils de certains rhumes.
Au mieux cette immunité croisée concerne
30% d’une population globale dans les études qui l’ont découverte, en grande
majorité des jeunes (en clair au mieux 85% des enfants et 20% des très âgés).
Avec les 10 à 15% de gens déjà contaminé, on est encore loin de la fameuse
immunité collective de 80% qui arrêterait le phénomène, particulièrement chez
les aînés.
Mais alors pourquoi y a-t-il moins
de mort qu’en Mars ? Trois phénomènes se conjuguent :
- - Il y a moins de gens infectés qui circulent dans nos rues qu’en Mars. Très largement moins.
- - Les gens à risque de mourir sont plus prudent que le reste de la population et les maisons de repos sont mieux protégées.
- - Le masque réduit la gravité de la maladie.
Chapitre 5 : La gestion multimodale de
la crise.
Les études le montrent : la
réussite passe par la combinaison de plusieurs actions en fonction de l’endroit
où l’on se trouve.
Retourner à notre vie de 2019
aujourd’hui nous fera replonger à ce qui était là en mars en l’espace de deux
mois maximum.
Il faut donc trouver un équilibre
de vie entre ce que nous avons vécu en mars et notre vie de 2019.
C’est ce qu’on appelle une gestion
de risque.
Un journal médical a fait par exemple
le point du risque individuel en fonction de la situation : https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2763852
On voit que c’est compliqué et
que les messages du style « arrêtons le port du masque » ou « portons
le masque partout » n’ont pas de sens dans une vraie gestion du risque.
Il faut donc prendre des mesures
équilibrées de protection contre le coronavirus qui :
- - Atteignent a minima l’objectif d’aplatir la courbe pour ne pas saturer les soins intensifs (cela reste actuellement toujours très largement possible)
- - Permettent aux gens de ne pas déprimer : les contacts sociaux, la culture, le sport sont donc à repenser afin de les ré-ouvrir progressivement
- - Permettent aux gens d’aller se faire soigner en confiance
- - Permettent à l’économie de repartir car l’argent est un outil utile pour financer les objectifs sus décrits.
- - Soient soutenable durant probablement encore minimum 8 mois.
- - Permettent de proposer des solutions aux gens qui ne veulent pas aller dans le risque orange sans trop nuire à ceux qui sont prêt à y aller.
Il faut un pluralisme d’opinions,
d’expertises, de métiers et même de vécus.
Il faut également une
transparence totale non pas seulement des décisions mais également des
motivations ayant mené aux décisions et des preuves scientifiques liées à ces
motivations.
De même, il faut une transparence
des doutes exprimés dans ce groupe et ne pas laisser transparaitre comme
aujourd’hui que tout serait limpide et unanime : il y a des certitudes
avec ce COVID-19 mais aussi beaucoup de choses inconnues générant de l’incertitude.
- Enfin, il faut une vision à long terme (12 mois) :
- Où veut-on aller (destination) : à juste aplatir la courbe pour ne pas engorger les hôpitaux ou à protéger le plus de personne possible jusqu’au vaccin ?
- Comment veut-on y aller (route à prendre) ?
- Quelles sont les mesures applicables à tous et permanente, tant que le virus sera là ?
- Quelles sont les mesures applicables uniquement chez les personnes à risque ?
- Quels sont les mesures applicables dans les communes à faible densité de population (rurales) par rapport aux centres urbains ?
- Quels sont les moteurs (drivers) locaux de mini-épidémies (clusters) ?
- Quelles sont les mesures d’escalade dans les communes/quartier en pleine ascension en fonction des moteurs locaux spécifiques ?
- Quelles sont les valeurs uniformes sur le pays (pas à la discrétion du bourgmestre) qui lancent l’activation de mesures d’escalade ?
- Quels sont les paramètres qui amènent à un risque accru d’activation d’une mesure d’escalade.
- Etc …
Une fois que la population
comprendra la destination finale et le chemin pour y arriver (avec les détours
possibles en cas d’embouteillage), la réponse sur le terrain aux mesures sera
largement plus simple puisque tout le monde aura une idée de ce à quoi il faut
s’attendre.
Cela vous parait
utopique ?
Les guidelines pour les gouvernements émis par le CDC Européens https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/rapid-risk-assessment-coronavirus-disease-2019-covid-19-eueea-and-uk-eleventh et par l’OMS https://apps.who.int/iris/rest/bitstreams/1275007/retrieve ne font que répéter depuis des semaines que c’est la recette à mettre en place.
Des pays qui actuellement
réussissent leur gestion de crise ont mis en place des recommandations par
situation géographique (densité de population) et par strate de risque
(personnes âgées Versus jeunes) en fonction de l’intensité de présence locale
du virus.
Chaque citoyen sait donc ce qui
va se passer dans sa commune en fonction de l’évolution des cas.
Pour illustrer ceci,
voici les recommandations du gouvernement norvégien :
-
Quartier/commune à Faible dissémination
virale :
o
Personne à risque normal : distanciation
sociale et isolement des malades pour les gens à risque normal
o
Personne à risque élevé : Limitation des
contacts étroits, éviter les endroits fréquentés, éviter les transports en
commun et modifier son organisation de travail pour les personnes à risque
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Quartier/commune à Haute dissémination
virale :
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Pour les gens à risque normal : limiter les
contacts étroits, éviter les endroits fréquentés, éviter les transports en
commun, privilégier le télétravail
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Pour les gens à risque élevé : éviter au
maximum tout contact (étroit ou pas), si vous devez avoir des contacts, tenez-vous
à minimum 2 mètres ; demandez à vos proches de faire vos courses ; si
vos proches ont de nombreux contacts sociaux, arrêtez de voir vos
proches ; si le télétravail n’est pas possible, n’allez pas travailler.
Vous voyez qu’on peut
faire des strates et ne pas toujours faire subir à tous des mesures utiles aux
gens à risque.
Il s’agit :
- - D’un contact (conversation) à
moins d’un mètre, sans masque, durant plus de 15 minutes
- -
D’un contact physique direct (se
toucher) unique
Chapitre 6 : conclusion
Il est prématuré de
revenir à une vie comme en 2019. Aujourd’hui, plus que jamais, le maintien des
gestes barrières reste indispensable.
Parmi ceux-ci le port
raisonné du masque (en fonction du risque) est un pilier clé. C’est à vous et
au gouvernement à placer le niveau de risque au bon endroit. Je vous ai donné
des clés pour ce faire.
Une dernière étude monte
que si tout le monde portait le masque lorsqu’il est présence d’autres
personnes, que personne ne partageait son verre ou sa cigarette avec quelqu’un qui n’est pas de sa bulle, que tout le monde (hormis les membres du foyer
familial) restait à plus d’un mètre l’un de l’autre, on réduirait les
infections de 84% https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.06.11.20128900v2.full.pdf
et les hospitalisation d’encore plus.
Cela suffirait donc
amplement à permettre à tout le reste de notre vie et de notre économie à
reprendre totalement.
Par contre, en ne le faisant
pas, on se condamne à des marches arrière en termes de fermetures de pans d’activités
de notre vie.
Il n’y a donc pas des
moutons d’un coté et des hommes libres de l’autre côté : les psychologues
sociaux vous diront que nous sommes tous des moutons : nous n’avons juste
pas tous les mêmes bergers…
A vous de faire le bon
choix.